dimanche 30 décembre 2007

Nightwish - Dark Passion Play



Le voilà enfin, ce nouveau Nightwish, presque 2 ans jour pour jour après un événement qui aura bousculé l’existence du plus gros groupe de métal finlandais, et accessoirement un des plus gros groupes de métal gothique : l’éviction de la chanteuse lyrique culte Tarja Turunen, à cause de différents entre le reste du groupe et son mari/manager. Cet événement aura bousculé très violemment la communauté métal, le groupe perdant beaucoup de fans avant même que ce nouvel album voie le jour… L’avènement ultra-médiatisé de sa remplaçante fin Mai 2007 aura aussi permis à beaucoup de mettre en avant les pires doutes quant à la qualité de ce nouvel opus : en effet Annette Olzon (la remplaçante de Tarja donc, choisie parmi des milliers d’autres candidates), Suédoise d’une trentaine d’années au joli minois, quasi-inconnue, est donnée pour être une chanteuse au style pop/rock ; Comment pourrait-elle alors succéder à une chanteuse lyrique ? En même temps, Tuomas, claviériste et tête pensante du groupe, communiquait ces derniers mois sur le fait qu’il ne voulait pas d’un clone de Tarja, et abandonner la perspective lyrique des vocaux. Donc on ne peut pas jeter la pierre au groupe sur ce point-là. Mais il précisait aussi que les nouveaux titres de Nightwish resteraient dans la lignée de Once : alors à quoi donc allait donc ressembler ce nouvel effort ? Beaucoup ont imaginé le pire… c’était mon cas aussi, n’étant plus vraiment fan du groupe depuis le départ houleux de Tarja (un peu comme tout le monde) et par lassitude du métal gothique… je n’attendais rien de particulier pour ce nouvel opus, au mieux qu’il me donne un regain d’intérêt pour ce groupe, au pire qu’il ne soit pas trop catastrophique… Septembre 2007 : Dark Passion Play arrive dans les bacs, il est enfin temps de juger…

Première chose, Tuomas n’a pas menti : l’album est bel et bien dans la lignée directe de Once : très Heavy donc. En même temps personne n’envisageait un retour à Wishmaster ou Oceanborn… Dark Passion Play est donc du Nightwish pur jus : Heavy Symphonique Epique toute ! Le lien avec Once est on ne peut plus flagrant : certains morceaux de DPP font même directement penser à d’autres de Once de par leur structure et leur feeling : ainsi « The Poet And The Pendulum » est l’équivalent de « Ghost Love Score », « Bye Bye Beautiful » celui de « Wish I Had An Angel », « Amaranth » celui de « Nemo », « Meadows Of Heaven » celui de « Higher Than Hope », et c’est le cas pour une bonne moitié des titres. Cela ne veut pas dire pour autant que DPP est un Once II, d’excellentes nouvelles compos et idées sont apportées. Mais autant dire tout de suite que ceux qui n’ont pas aimé Once n’aimeront pas DPP… Nightwish ne prend pas de risques du côté strictement instrumental, la différence vraiment notable étant la présence d’un orchestre philharmonique au grand complet qui donne un côté « pompeux » à la musique du groupe : ce n’est pas forcément négatif, mais ceux qui sont allergiques aux orchestres complets avec toute la clique de violonistes et de choristes peuvent passer leur chemin… de ce côté, DPP est l’équivalent du Death Cult Armageddon de Dimmu Borgir pour le métal gothique : l’album est donc surproduit ! Cela fera immanquablement dresser à certains les cheveux sur la tête, moi j’apprécie beaucoup le travail fait à ce niveau sur le disque (et sur le Dimmu Borgir aussi ^^), mais chacun ses goûts… Niveau instrumental, je trouve DPP très bien fichu, bourré de bons éléments et de bonnes idées (j’avais beaucoup aimé Once aussi). Nightwish n’a donc pas pris un tournant « pop » -comme Within Temptation cette année- comme certains le redoutaient, ça reste du Heavy-metal symphonique, ni plus ni moins. Cela le rapproche même de Therion.

Venons-en maintenant à la partie la moins drôle : les parties de chant… et je dois dire qu’au premier abord j’ai été assez déçu : avoir une chanteuse plus du tout lyrique sur un album encore plus symphonique, c’est plutôt paradoxal ! Et la voix d’Annette est bel et bien le défaut principal de cet opus : sa voix est trop banale, très proche de Sharon de Within Temptation. Et ce n’est pas tout : ses tentatives de partir dans les aigus tombent complètement à plat, donc du coup elle ne se force pas à chanter de façon plus appropriée à la musique… Il y a clairement de meilleurs chanteuses dans le paysage très vaste du « female-fronted-metal-band », Nightwish n’a peut-être pas fait le meilleur choix (même si perso je n’ai pas envie de les accabler là-dessus), le pire étant encore la façon dont elle gigote en chantant comme on peut le voir dans les clips du groupe… ça va être drôle en concert… d’autant qu’elle avoue elle-même avoir du mal à chanter certains titres du répertoire de Tarja… aïe aïe aïe… Heureusement, le bassiste-chanteur Marco prend plus d’importance au niveau des parties de chant, interprétant un titre en entier tout seul (« Master Passion Greed »), puis d’autres passages avec grande classe (le refrain de « Bye Bye Beautiful »). Bref il apporte un grand plus au niveau des parties de chant, d’ailleurs personnellement j’aurais été pour que Nightwish change de nom (mais pas de style musical) et le conserve seul au chant…

Malgré ce constat affligeant, je dois dire que cet album s’affine au fil des écoutes. Il comporte des passages plus qu’excellents. « The Poet And The Pendulum », titre de 14 minutes qui ouvre l’album, offre de superbes moments épiques ! Certains titres sont très accrocheurs et filent la pêche (« Cadence Of Her Last Breath » qui fait penser au « Planet Hell » de Once, « Whoever Brings The Night »), d’autres plus calmes et plus variés offrent des moments de grâce (« Sahara », « 7 Days To The Wolves »). On a même droit à un titre instrumental aux accents folk (« Last Of The Wilds ») très pêchu et qui fait penser au titre « Moondance » sur Oceanborn. Ca pourrait être intéressant si le groupe emprunte cette voie musicale pour le futur ! Quelques titres comme celui-ci avec Marco au chant, je prends tout de suite… En revanche les ballades sont anecdotiques… je n’ai jamais vraiment apprécié les ballades de Nightwish mais là avec « Eva » c’est vraiment décevant, ennuyeux au possible… « Meadows Of Heaven » est un peu mieux, et il faut reconnaître qu’Annette se débrouille bien mieux sur des chants calmes ! L’autre ballade, « The Islander », est plutôt pas mal, en grande partie grâce au chant masculin.

Au final, et après une bonne dizaine d’écoutes, je trouve ce Dark Passion Play excellent. On s’affranchit assez vite du chant quelconque d’Annette pour apprécier pleinement la musique. Nightwish présente ici ses meilleures compos pour un album majestueux et très réussi. Les fans hardcore de Nightwish qui ont pu surmonter le départ de Tarja seront à coup sûr comblés, même si l’album est au final un poil en deçà de Once. Les autres feraient mieux d’y jeter une oreille attentive en ne partant pas du principe que ça sera de la daube : ils risqueront d’être surpris, tout comme moi. Perso cet album va largement au-delà de mes espérances, il a même réussi le pari à me refaire apprécier ce groupe. Nightwish n’est peut-être pas « le meilleur groupe de métal de tous les temps » (comme spécifié sur le sticker de l’album ^^), mais il est certainement le meilleur groupe de métal sympho, même si pour ma part Therion et son Gothic Kabbalah remporte le duel pour 2007. Excellente surprise inattendue !



Note : 16/20


Tracklist :
01. The Poet & The Pendulum [13:53]
02. Bye Bye Beautiful [4:15] CLIP
03. Amaranth [3:51] CLIP
04. Cadence of Her Last Breath [4:15]
05. Master Passion Greed [5:58] Myspace
06. Eva [4:26] Myspace
07. Sahara [5:46]
08. Whoever Brings the Night [4:16]
09. For the Heart I Once Had [3:56]
10. The Islander [5:06]
11. Last of the Wilds [5:41]
12. 7 Days to the Wolves [7:03] Myspace
13. Meadows of Heaven [7:10]



A écouter en priorité : Cadence of Her Last Breath - The Poet & The Pendulum - Whoever Brings the Night



Myspace de Nightwish

Limbonic Art - Legacy Of Evil



Le voilà enfin, ce nouvel album de Limbonic Art. Il faut dire que le groupe n’est ni plus ni moins qu’une légende du Black Sympho, Leurs deux premiers albums Moon In The Scorpio (1996) et In Abhorrence Dementia (1997) ayant largement contribué à forger le style. Pourtant en 2002 le groupe sortait par la petite porte ; Après un The Ultimate Death Worship (entérinant la volonté du groupe de faire de la musique plus bourrine depuis Ad Noctum Dynasty Of Death) qui était très loin de faire l’unanimité (pour faire court, je le trouve très bon mais massacré par une prod totalement insipide). Ce dernier effort raté, combiné à la renaissance du groupe à la date ultra-cliché du 06/06/06, et à un nouvel album qui s’est beaucoup fait attendre, avait de quoi laisser sceptique. Mais bref, nous sommes en septembre 2007 et ce Legacy Of Evil sort enfin de la Terre.

Je préfère être direct : cet album est dans la lignée de TUDW. Oui, ça va faire peur à beaucoup de fans de la première heure mais c’est la réalité. Ce qui est rassurant c’est que le duo semble avoir compris ses erreurs passées : Legacy Of Evil est bien mieux produit (en même temps c’était pas bien compliqué que de faire mieux que celle de TUDW ^^), seules subsistent des guitares au son assez Raw, çe qui confère un petit côté Thrash/Death (confirmé par des passages Death et des solos Thrash à certains moments), mais assez déconcertant aux premières écoutes. Les claviers n’ont pas fait leur grand retour, on trouvera quand même certains passages remarquables ("Lyckantropic Tales", "Twilight Omen"). Ah et aussi, la mitrailleuse automatique qui servait de batterie dans les précédents albums semble enfin avoir son chargeur vidé : le son de batterie est bien mieux réglé, faisant disparaître l’aspect synthétique qui régnait sur les autres albums (enfin moi je trouvais que c’est çe qui donnait son charme au groupe, en particulier sur ANDOD, mais bon…). Pour faire un raccourci facile, on peut dire que LOE = TUDW en mieux, bien mieux même.

Un des défauts que je note souvent chez Limbonic Art, mis à part sur ANDOD, c’est la relative inégalité de qualité des titres. Legacy Of Evil ne déroge pas à la règle. On trouve donc du bon et du moins bon : la majorité des titres est axée sur la rapidité, çe qui confère au groupe un statut de « Speed-Black » très technique qui me fait penser à Keep Of Kalessin. Ainsi l’album démarre direct par un gros passage rapide, une grosse mandale dans la face dès que l’album est lancé. Les titres du même acabit sont excellents ("Seven Doors of Death", "Unleashed from Hell"), d’autres, un peu plus modérés, sont bons mais sans plus ("Infernal Phantom Kingdom", "Nebulous Dawn"). A côté de ces titres trônent des morceaux plus mid-tempo, soit réussis ("Lyckantropic Tales" qui fait penser à du Dimmu Borgir), soit sonnant faux (l’ennuyeux "Grace by Torments"). L’inégalité entre les morceaux se ressent carrément au sein d’un même titre ("Twilight Omen" qui démarre par un passage atmo frisant le ridicule et qui termine par un excellent passage bourrin). La plupart des titres possèdent de bons riffs, Limbonic Art n’a pas perdu en qualité de composition, heureusement ! Mais pour ma part, cet album rentre dans la norme, pas de surprise à signaler.

Au final, Legacy Of Evil est un album qui à le mérite de remettre sur pieds un des parrains de la scène Black Sympho, même si l’album n’est pas Sympho au sens strict du terme (pas aussi grandiloquent que par le passé en tout cas). Un bon album pas révolutionnaire mais qui se laisse écouter avec plaisir. Peut-être un bon moyen de faire découvrir le Black à ceux qui ne connaissent que Dimmu Borgir. En revanche, les fans du groupe qui ont vénéré les deux premiers albums, voire même ceux qui ont apprécié ANDOD, risqueront d’être déçus… retour en demi-teinte pour Limbonic Art donc…

Note : 14/20

Tracklist :
01. A Cosmic Funeral of Memories [7:38]
02. A Void of Lifeless Dreams [4:51]
03. Grace by Torments [5:20]
04. Infernal Phantom Kingdom [5:29]
05. Legacy of Evil [5:36]
06. Lyckantropic Tales [6:44] mp3
07. Nebulous Dawn [4:41]
08. Seven Doors of Death [7:07]
09. Twilight Omen [7:22]
10. Unleashed from Hell [4:13]

A écouter en priorité : Seven Doors of Death – Unleashed from Hell – A Void of Lifeless Dreams